28 juin 2007

Je dis la conclusion de la loi des séries

Jusqu'à récemment, j'étais quasiment incapable de jouer à des jeux avec une atmosphère oppressante ou apeurante. J'étais pris d'une sorte de syndrome de contraction testiculaire extrême, qui rendait une partie sur ce genre de jeu impossible, sauf dans le cadre d'une partie entamée avec un pote. Mais maintenant, j'ai des poils et des fois je regarde les meufs de gros baraqués sans broncher. Pas mal, non? Quoiqu'il en soit, je suis un peu plus déridé sur ce point-là, mais cela amène un problème existentiel : si un petit gars de moins de 14 ans affectionne ce genre de jeu, et y passe ses journées, les conséquences peuvent être ... embêtante. Je ne compte pas refaire le débat sur la censure et les classifications, mais plusieurs évènements ces derniers temps laissent à penser qu'un durcissement du contrôle sur les jeux vidéo est imminent...

Bref rappel des faits : en fin d'année dernière, Rules of Rose s'était attiré les foudres (à juste titre?) de quelques députés européens, mais c'était quelques mois avant la fameuse affaire Manhunt 2, qui a éclaté depuis peu. Pour terminer cette loi des séries, une affiche publicitaire de Burnout Dominator a été interdite au Royaume-Uni, à la suite d'une poignée de plaintes et alors que cette publicité avait été acceptée lors de la sortie du jeu ce printemps. Un vent de restriction vole au dessus des jeux vidéo ces derniers temps, faisant une fois de plus passer l'industrie pour une bande de prépubères inconscients.

Il faut toujours trouver un bouc émissaire. La nature humaine est ainsi faite que l'on doit continuellement rejeter la faute sur un unique fait ou chose pour expliquer les dérives. La société actuelle est régulièrement touchée par des vagues de violence d'initiative personnelle, avec comme champions médiatiques les massacres en milieu scolaire. Et il faut trouver une raison à ces actes horribles. Plusieurs sources de divertissements et média sont dans les starting- blocks : la télévision, le cinéma, la musique et le jeu vidéo. Le cinéma étant le plus anciens, il n'est plus la cible de ces critiques depuis bien longtemps, étant rentré dans les moeurs. La musique, et surtout ses nouveaux courants, apparaissent régulièrement dans les colonnes "faits divers", mais qu'un temps seulement puisqu'au bout de quelques mois ou années, le nouveau genre musical concerné acquiert une certaine légitimité. La télévision reste la star incontestable, de par sa puissance que ce soit pécuniaire ou informative. Étant un médium extrêmement suivi et respecté, il dicte souvent les règles de ce qui est bon ou pas. Quant au jeu vidéo, outre le fait que ce soit le plus jeune, il ne s'est pas encore entouré de représentants assez convaincants pour se dédouaner de ces atrocités. Il apparaît comme la cible parfaite, qui ne peut se défendre, faute de sérieux. Il fait donc office de parfaite cause de certains déboires.

La quête de reconnaissance des jeux vidéo doit commencer un jour ou l'autre pour espérer perdre cette image de vilain petit canard. Et comme le dit un certain Seth Schiesel du New York Time : "Bannir la version original de Manhunt 2 peut être un bon moyen de démontrer que l'industrie peut se réguler elle-même. D'autre part, pourtant, le cinéma semble bien loin devant les jeux vidéo en matière de gore." La société attendrait donc des jeux vidéo qu'ils montrent d'eux-même leur sérieux, pour ainsi prouver que le regard paternaliste des têtes bien pensantes n'est plus nécessaire pour contrôler cette jeune pousse? C'est fort probable, et l'industrie ne peut en sortir que grandie.

Mais en tant que médium jeune et rebelle, le jeu vidéo cherche à se justifier par lui-même, en arguant que la faute ne lui revient pas, et que cette diabolisation ne rend service à personne puisque ce n'est pas le problème. En effet, et je suis partisan de cette mentalité, il faut plutôt apprendre au grand public à jauger la violence, quelle qu'elle soit, d'un titre, et ainsi lui permettre de juger par lui-même si il est destiné aux enfants ou adolescents. Des systèmes de classifications existent évidemment (PEGI la cochonne en Europe, ESRB aux USA,...), mais ne sont pas reconnus par les acheteurs potentiels. Ce qu'il faudrait, c'est enclencher une grande campagne publicitaire, notamment chez les grandes soeurs télévisé et cinématographique, pour promouvoir ces classifications et inciter les parents à les regarder avec intérêt. Cela passerait aussi par une formation plus poussé du personnel des magasins ou des rayons spécialisés, et par des sanctions à l'encontre des gérants de magasin contrevenant, même si cette dernière idée est difficilement applicable (il suffit de regarder l'interdiction de vente de tabac au moins de 16 ans...).

Ces deux manières de penser se valent, et mériteraient de cohabiter pour un résultat sans aucun doute des plus intéressants, mais malheureusement, l'interdiction étant plus facile, je dis que les autorités vont préférer contrôler scrupuleusement la vente de softs litigieux, voire les bannir purement et simplement, plutôt que d'entamer une campagne de "formation" des parents, plus compliqué à mettre en oeuvre, mais plus intelligente. À partir de là, l'industrie prendra conscience qu'elle ne peut plus se permettre de sortir des clous, et s'autorégulera pour ainsi gagner l'estime des gouvernances. Je pense donc que l'on peut s'attendre à une politique de durcissement du traitement des jeux vidéo, même si cela touche bien évidemment à la liberté d'expression. Mais que voulez-vous, c'est encore et toujours cette minorité dirigeante qui pense détenir la science universelle...

En tout cas, j'espère me tromper.

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