17 juillet 2007

Le mardi, c'est permis de verser une larme

De manière générale, on peut aisément dire que l'E3 de la semaine dernière était décevant. On a bien sûr pu compter sur quelques annonces sympathiques, mais ce n'était pas le feu d'artifice de révélations des éditions précédentes. Mais c'est surtout un acteur historique de l'industrie (phrase toute faite n°122) qui a marqué par son manque de mordant. Attendu notamment au niveau de la ludothèque Wii, Nintendo a réaffirmer sa volonté d'élargir son public, sans sécuriser sa base d'aficionados, joueurs depuis des années. À moins que le fabricant kyotoïte compte sur un autre évènement tel que la GDC en août prochain ou le TGS en septembre pour satisfaire sa base de gamers, il semble qu'une page ait été tourné... Définitivement?


Le marché est en pleine mutation. Les développeurs, éditeurs et fabricants souhaitent étendre leur influence, et pour cela ils se doivent de toucher le grand public, véritable manne financière, et ainsi devenir un divertissement commun à l'instar du cinéma. Même si la question se pose depuis quelques temps avec notamment l'expansion du marché des jeux sur téléphones portables, c'est Nintendo, l'une des plus vieilles références ludo-numériques, qui amène réellement ce changement de mentalité, aidé par son statut d'acteur reconnu de l'industrie. Alors même si Microsoft et Sony tablent aussi sur cette nouvelle audience, ce sont surtout les deux consoles blanches qui se veulent ambassadrices de cette nouvelle vague.

Les principales forces de Nintendo sont son savoir-faire, sa connaissance du marché, mais aussi et peut-être surtout son sens de l'innovation. Croix multi-directionnelle, boutons de tranches, stick analogique, vibrations, et plus récemment écran tactile et détection de mouvements, Nintendo a, à défaut de créer à proprement dit de nouvelles technologies, intégré ces dernières dans le marché des consoles, les rendant aujourd'hui incontournables. Je me rappelle de cette remarque de Brian Crecente, rédacteur en chef de Kotaku, qui disait que au fond, tous les joueurs sont des fanboys Nintendo, dans le sens où sans l'entreprise de Yamauchi, le jeu vidéo ne serait pas ce qu'il est. On retient bien sûr les réussites de la société, mais il faut aussi se rappeler que ces victoires sont aussi le fruit de leurs jumeaux démoniaques : les échecs. Que ce soit le Virtual Boy ou encore le projet de console lisant des CD avec Sony puis Phillips, Big N a aussi à son actif son lot de gaffes. Au vu des ventes actuelles de hardwares, ils ne sont évidemment pas en position d'échec, mais ne se mettent-ils pas au ban de l'industrie, à vouloir se diversifier ainsi?

S'attaquer aux casual gamers est somme toute logique, puisque le volume d'argent dégagé n'en sera que plus important, et cela reste la priorité. D'un point de vue économique et marketing, n'importe qui sera d'accord pour dire qu'entre vendre quelques consoles aux joueurs endurcis et exploser la concurrence en vendant des cargos entier d'électronique, c'est la deuxième solution qui est la plus viable. Alors à part par respect pour ceux qui ont porté le jeu vidéo depuis plusieurs décennies et qui sont au fait des codes des jeux modernes (maniabilité, ergonomie des manettes,...), on ne voit pas ce qui pousserait Nintendo à rebrousser chemin pour se réintéresser à nouveau exclusivement à trois clampins qui se pensent garants de l'intégrité de l'industrie parce qu'ils ont joué au premier Mario sur NES. Alors évidemment, quand on est l'un de ces clampins, on se sent presque abandonné de voir s'envoler ce qui a fait notre jeunesse.

Là, je vous imagine derrière votre ordinateur en train de m'insulter, d'abord parce que j'ai dit que tous les joueurs étaient des fanboys Nintendo, mais aussi parce que j'oublie un peu vite Maillecrosoft et Johnny, qui eux ont pour l'heure campé sur leur position. Alors bon, bien sûr, Uno sur le Live ou l'arrivée imminente de Home sur le PSN augure d'un élargissement du public, mais ces quelques timides intrusions ressemble plus à un moyen de divertir les compagnes / compagnons des joueurs / joueuses, plutôt qu'à une réelle ambition d'inoculer au monde entier le virus vidéoludique. Mais l'insolent succès de Nintendo fera à coup sûr évoluer les mentalités des tentaculo-cyclopéens adversaires, qui souhaiteront à leur tour tirer leur épingle du jeu occasionnel. Quoiqu'il en soit, il reste des alternatives, qui n'en a que le nom, à Nintendo pour les joueurs en mal de défi.

Nintendo s'écarte donc du chemin tortueux et exigeant du marché traditionnel. Après en avoir été un acteur particulièrement respecté durant 25 ans, il a été décidé de changer de voie pour s'immiscer dans un secteur plus porteur. Les fans de Nintendo, et dans une moindre mesure les amoureux platoniques de la marque (dont je fais parti), ont de quoi être déçu de la fin d'une ère, et pourront ainsi entrer de plein pied dans la catégorie des vieux cons. Mais n'oublions pas plusieurs points qui se substituent à ce revirement de Nintendo : Sony et µ$ ont encore une approche plus traditionnelle de l'industrie, le respect vraisemblable de Naintendo pour les gamers qui lui ont apporté sa notoriété et donc l'envie de développer des titres pour eux, l'amour de certains développeurs et éditeurs tiers pour les "vrais" jeux et qui préfèrent cette conception à celle du tout-bénéfice, la facilité et le coût de développement moindre sur Wii et DS qui poussent à la diversité, et enfin le fait que certains casuals tomberont sous le charme des jeux "à l'ancienne" et viendront grossir les rangs de la communauté originelle, qui se veut bien pensantes (bah oui, des fois nous, joueurs avertis, pensons détenir la vérité...). Et puis ce n'est pas comme si le marché allait s'écrouler et changer radicalement.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'adore la facon dont tu mets des liens vers de précédents articles...

:D

Pigiste a dit…

C'est ça, la FDP attitude...

Anonyme a dit…

je dirais plutot la FDB attitude..mais bon...ne jouons pas avec les lettres...boxons plutot avec les mots... A ce sujet, je viens d'inventer un nouveau sport, mélange de boxe et de marathon, ca s'appelle la boxe-raton.pas encore homologué...