Le mardi, c'est permis de croquer dans le noyau dur
En 2005, j'ai eu une série de cours sur la méthode d'amélioration continue Kaizen. La personne qui nous donnait la leçon travaillait elle-même pour l'entreprise Kaizen. Au-delà d'un look sympatoche, à base de queue de cheval et de moustache, c'est surtout son nom qui nous avait marqué à l'époque. C'est même presque un rêve qu'avaient réalisé pour nous ses parents en le nommant Bernard, parce que quand on s'appelle Core... Oui, Bernard Core. Ça nous amène directement au débat du jour : avec la grande importance que prennent maintenant ceux que l'on appelle les casual gamers, le terme hardcore gamer perd sa signification originelle au profit d'une définition plus généraliste. Je vais mettre mon grain de sel dans toute cette histoire.
À une époque maintenant révolue, les jeux vidéo étaient durs, très durs. C'était dans les années 70-80, lorsque la durée de vie d'un titre ne tenait qu'à sa difficulté. Mais la satisfaction apportée par les dépassements de soi occasionnés était inégalable. Et comme dans ce bas monde, il existe toujours une poignée d'acharnés talentueux, certains d'entre nous pouvaient passer des heures et des heures à retourner un seul et unique jeu dans tous les sens afin d'en connaître le moindre mécanisme et le moindre recoin, et ainsi espérer arriver à un niveau jamais atteint. Ces hurluberlus, qui pouvaient arriver à des états de fatigue extrêmes pour parvenir à leurs fins, avaient alors leur propre dénomination : les hardcore gamers. Connaître par coeur un shmup pour espérer le finir sans perdre une vie, repérer tous les glitchs (petits bugs exploités par les joueurs. Exemple : le Rocket Jump de Quake) de Super Mario premier de la lignée pour faire une sorte de démo technique de ses talents, exploser le score à Pac-Man ou Space Invaders,... sont autant d'exemples de ce phénomène. Aujourd'hui, on pourrait citer les acharnés de WoW, les brutes à tout ce qui est FPS en ligne ou les aficionados du Gamerscore de la XBox 360. Mais attention, un hardcore gamer ne l'est que sur un titre, ou alors juste une poignée de jeux, puisque l'acquisition de ce titre honorifique demande un investissement impossible à donner à tous les jeux que l'on essaie.
Depuis quelques temps maintenant, avec l'avènement des jeux sur téléphones portables, et surtout grâce au succès retentissant de la DS, est apparue une nouvelle curiosité : le casual gamer. Littéralement joueur occasionnel, ce terme désigne toute personne qui s'adonne de temps à autres aux jeux vidéo, en cherchant un plaisir court et immédiat. Cette nouvelle gamme de joueur, associé à l'explosion actuelle du marché a mené à une déformation de l'expression hardcore gamer. On oppose en effet de plus en plus le hardcore au casual, à savoir que contrairement au second, le premier est quelqu'un qui apprécie fortement les jeux vidéo, et en fait son hobby favori. Un harcore gamer désigne donc de plus en plus des gens comme vous et moi : des gens qui joue aux jeux vidéo "traditionnels", et qui y passe du temps. Cette déformation n'est sûrement pas la première de l'histoire du vocabulaire, puisque ce genre de raccourci est symptomatique de la volonté de vulgarisation pour le grand public. Mais quand on est directement concerné, on souhaite naturellement remettre l'horloge à balancier de mamie à l'heure.
Une autre question qui taraude la communauté et les forums est celle de savoir si un jeu prétendument casual peut amener à un comportement hardcore. Concrètement, est-ce que jouer énormément à Nintendogs ou au programme d'entraînement cérébrale peut être apparenté à du hardcore gaming? Pour pouvoir se décréter hardcore, il faut passer du temps sur le jeu concerné, le connaître par coeur, et atteindre des sommets au niveau du score. Une personne adepte de l'élevage intensif de chiens virtuels répond à ces trois critères, mais un dernier point empêche selon moi l'accession au statut de noyau dur : le principe même des casual game. Pour donner l'impression aux joueurs de ne pas trop s'investir dans les jeux vidéo, les casuals games sont fait de telle sorte qu'on n'y passe pas plus d'une demi-heure par jour. On ne peut participer qu'une fois par jour les concours canins, une seule évaluation quotidienne de l'âge de son cerveau est permise, ... , et ce choix de gameplay éloigne les joueurs occasionnels acharnés de la sphère fermée des addicts. Oui, ils jouent beaucoup à leur jeu favori, mais ne pas pouvoir y passer des heures d'affilée jusqu'à satiété enlève toute notion de dépassement de soi et d'investissement exagéré. Désolé pour tous les casuals qui se revendiquaient hardcore...
Je ne me considère pas moi-même comme un hardcore en quoi que ce soit, n'ayant jamais faire preuve d'un talent exceptionnel dans un quelconque jeu vidéo. Mais étant joueur depuis plus de 15 ans, je garde une image, peut-être obsolète, du hardcore gamer différente de celle actuelle. Ces derniers sont donc pour moi des sportifs du jeu vidéo, qui cherche la performance, qu'elle soit pure (devenir le meilleur) ou artistique (exposer sa connaissance ultime sur un jeu, par l'utilisation des glitchs,...). Certains crieront au scandale en disant qu'un hardcore est aussi quelqu'un qui passe beaucoup de temps à jouer à différents jeux, mais je trouve le vocable trop extrême pour être utilisé dans ce cas. Pour palier à cela, un terme qui selon moi regroupe les joueurs boulimiques, les réguliers, et les casuals acharnés est tout simplement celui de gamer. Vous allez me dire que quitte à en arriver là, autant dire joueur tout simplement, mais l'emploi du mot français enlève le lien qui existe entre les différents statuts (hardcore, casual et gamer), lien qui fait de nous un groupe, une communauté.
Mais au-delà de toutes ces considérations, le principal n'est-il pas que chacun s'éclate comme il l'entend? C'est toujours sympa une phrase de Bisounours pour finir un post.
4 commentaires:
sympas les rempsyremps!
Très bonne analyse.
Je me défini donc comme un ancien hardcore gamer qui a toujours préféré les consoles aux autres loisirs des jeunes de mon age (pas de mobylette, ni de scooter) et qui a depuis découvert les femmes ;-) pour devenir un gamer.
Merci pour cet éclaircissement
arrête pigiste!
toi???
T'es hardcore comme reconnaitre ses torts!!!
T'es hardcore, les jeunes sont passionnés de films gores!!
T'es hardcore, jusqu'à la mort, mort, mort, tête de mort et va t en sinon jte mords.
R Cor, t'es qu'un hardcore meule d'or...
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