Le mardi, c'est permis le triolisme
Aujourd'hui, j'ai décidé que je devais réserver Rock Band. Au vu des problèmes de stock aux USA, je ne doute pas que le souci sera le même en Europe. Mieux vaut donc prendre les devants. Mais ne pas avoir le jeu le jour de la sortie n'est pas ma seule peur, puisque avoir une 360 signifie aussi vivre tous les jours avec la crainte de voir sa console mourir sous ses yeux, et je ne voudrais pas qu'un RRoD se pointe pile au moment de la sortie du titre.
Comme quoi, c'est facile de tourner au drame une situation futile. Alors que tourner à la légèreté une situation difficile est une autre paire de manches... Allez, la Rock Band de l'année pour fêter tout ça.
On en parle régulièrement ces derniers temps : les éditeurs s'essayent de plus en plus aux trilogies (sur 360 et PS3), annoncées et assumées dès le départ (Assassin's Creed, Mass Effect,...). De bonne augure pour certains jeux, purement inutiles pour d'autres, l'annonce de la sortie de trois épisodes a ses avantages et ses inconvénients, que ce soit pour les développeurs ou pour les consommateurs. Mais le premier avantage des trilogies pour chiens écrasés, ça reste la quantité de choses à dire dessus.
On va tout de suite évacuer le sujet désagréable : l'argent. Le premier avantage pour les développeurs d'une trilogie, c'est bien évidemment la manne pécuniaire. Alors que le premier épisode demandera beaucoup d'investissement, que ce soit en argent ou en temps, les deux suivants demanderont bien moins de travail tout en rapportant gros si le premier jeu a touché le public. Car ce qui coûte cher, c'est le moteur du jeu, mais une fois la charte graphique, le gameplay et l'IA mis en place, il reste quelques retouches à apporter, quelques nouveautés à intégrer et le scénario à développer pour sortir les suites. Décrit en 3 lignes, ça semble simple et efficace, mais les joueurs ne se laissent pas avoir aussi facilement.
D'abord l'histoire. Les jeux vidéo proposant un vrai scénario cohérent et un tant soit peu développé se compte sur les doigts de Passe-partout, alors étendre le vide intersidéral à 3 jeux, il faut être sûr de son coup. Pour ces fameuses trilogies, les développeurs semblent quand même apporter un peu plus de soin à ce point, mais jusqu'à preuve du contraire, l'histoire n'est pas leur principale préoccupation, alors que cet aspect devrait un peu plus servir le gameplay pour rendre les jeux vidéo véritablement mature. Mais ne nous égarons pas.
Une fois que les studios ont pris cinq minutes pour pondre une ligne conductrice (avant les cinq minutes supplémentaires pour clore le scénario complet /méchant), il s'attelle au coeur du jeu : le gameplay. Car c'est bien lui qui fera vendre. Évidemment, l'évolution de ce dernier est très agréable, que ce soit pour les créateurs avec la variété donnée à leur travail par l'intégration des nouveautés, ou pour les acheteurs puisque si dès le premier épisode le gameplay fait mouche, les modifications et améliorations apportées par la suite renouvellent, sous couvert que ce soit bien fait, l'expérience de jeu. L'équipe en charge du projet peut en plus profiter du retour des joueurs sur la première itération et suivre les tendances du moment pour compléter leur bébé. Mais le point négatif de ce développement du gameplay, qui commence à faire grincer quelques dents, est la technique ancestrale du "j'en garde sous le coude".
Les éditeurs voient de plus en plus sur le long terme pour rentabiliser leur production, ce qui est tout à fait normal, et dans cette optique, il conserve quelques idées bien senties au chaud pour justifier les prochaines sorties. C'est très bien, sauf quand le premier épisode en pâtit. Exemple : Assassin's Creed. Le jeu est très beau, Altaïr bouge, à quelques exceptions près, comme un malade, le background semble très travaillé (je ne l'ai pas encore fini), mais le gameplay... Ce sont continuellement les trois mêmes situations qui se présentent, et les combats sont d'un répétitif... Je soupçonne Ubisoft d'avoir consciemment gelé l'intégration de certaines spécificités pour asseoir entièrement le premier tome sur la découverte de l'environnement et de l'histoire. Alors d'accord, l'ambiance est chouette, mais elle risque de vite lasser certains. Pour rentrer dans leurs frais, les éditeurs et développeurs ont évidemment besoin de réfléchir à leur business plan, mais attention à ne pas lasser tout le monde avec des manigances.
Je n'enterre pas les jeux qui annoncent des trilogies. Nombre d'entre eux trouvent leur public, et c'est avec joie que les amoureux de la première retrouve leur héros, leur situation ou leur gameplay favori. Pour revenir à AC, je serai moi-même ravi de connaître l'atmosphère du prochain épisode, tout en espérant me trouver devant autre chose qu'un bac à sable, certes immense et intéressant, mais où les missions sont toutes les mêmes (pour moi, le jeu reste un GTA sans la variété des situations). De même pour Mass Effect : les amoureux de science fiction reviendront avec plaisir dans la peau de Shepard dans les futurs épisodes qui verront sûrement le système de combat et l'IA des ennemis améliorée.
Ce que cherche les studios dans le développement de trilogies, c'est de créer des sagas qui rythmeront la vie d'une génération de consoles. Et le principal à retenir de cette initiative, c'est que les éditeurs se donnent les moyens de fournir des jeux de qualité. Car finalement, c'est bien la nécessité de fournir des jeux AAA qui a engendré l'arrivée des trilogies, et non l'inverse. Les jeux coûtant de plus en plus cher à créer, il fallait bien trouver un moyen de dégager des bénéfices tout en satisfaisant son audience.
La vrai inconnue de ce débat reste de savoir pourquoi trois épisodes et pas quatre. Une histoire de juste milieu, sûrement...
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