07 août 2008

Je dis qu'il n'y a rien de tel qu'une tresse

"Ce jeu flash mériterait que son principe l'emmène bien plus loin."
Chiens écrasés, le 5 Janvier 2008

Effectivement, je m'auto-cite. C'est un peu prétentieux, non? Oui, mais c'est pour la bonne cause.

Le jeu flash en question était Cursor*10, dans lequel on contrôlait un curseur de souris pendant un temps donné, et une fois le temps écoulé, on reprenait depuis le départ avec un nouveau curseur, mais avec en plus les actions des curseurs enregistrées lors essais précédents qui sont ré-effectuées. Difficile à comprendre, mais simple à jouer, je vous le conseille grandement. Si je reviens sur ce jeu, c'est parce qu'à l'époque, j'avais trouvé le principe ingénieux et prometteur. Mais à cette époque, je ne connaissais pas Braid...


Enfin si, je le connaissais, mais plus parce que son créateur en énerve plus d'un que pour ses mécaniques de gameplay. Jusqu'au jour où j'ai lu un article dessus dans lequel le rédacteur expliquait que le jeu était un titre plate-forme qui basait son intérêt sur le contrôle du temps. Un exemple de niveau était donné, je ne sais plus lequel, mais en une phrase, j'étais conquis.

Puis les mois ont passé, je lisais toujours régulièrement que Jonathan Blow, le créateur, irritait son monde mais que son jeu était génial, sans plus en lire en ce qui concerne le gameplay. Est arrivée cette semaine où tout le monde annonçait l'arrivée du jeu pour ce mercredi, ce qui me rappelait que je souhaitais vous demander, une fois le jeu sortie, si quelqu'un pouvait me dire ce qu'il en était. Mais finalement, hier soir, j'ai vu mon pote jeu vidéo, celui avec lequel j'ai joué à Resident Evil 4, La Colère de l'Etranger, Uncharted et beaucoup d'autres, et il était carrément emballé à l'idée d'acheter le jeu. Ni une, ni deux, je lui ai embrayé le pas et nous nous sommes lancés dans le téléchargement, après que j'ai au préalable appris son numéro de carte bleu par coeur pour acheter du porno sur Internet.

Ces derniers temps, j'ai joué à Super Smash Bros Brawl, à Beautiful Katamari, à Lost Winds ou encore à Bioshock. Que du lourd. Et je peux vous dire que Braid les met à l'amende en un temps deux mouvements (deux temps, trois mouvements, mais en mieux). Jonathan Blow est peut-être une tête à claques, mais Jonathan Blow est un génie.


Quand je dis que Braid met à l'amende tous ces jeux, ce n'est pas tant en terme d'amusement, où ils se valent tous, mais plus en ingéniosité. Sans spoiler, Braid est bien un jeu de plate-forme dans lequel on influe sur le temps de différentes manières, mais le challenge ne se trouve pas principalement dans la dextérité avec laquelle on contrôle l'avatar, mais dans la résolution des énigmes. Le but du jeu est de récupérer des pièces de puzzle disséminées dans les niveaux, et pour chaque pièce, il faut se creuser les méninges afin d'utiliser au mieux les altérations du temps et l'environnement pour l'atteindre. Le gameplay repose donc sur un principe qui peut certes paraître simpliste, mais qui reste costaud et avec de nombreuses promesses. Mais ce n'est pas le gameplay qui enthousiasme le plus.

Car si le gameplay est une bonne base, c'est dans le level design que le soft prend toute son ampleur. Evidemment, le jeu est son bébé, il connaît donc les mécanismes d'utilisation du temps par coeur et il est alors aisé pour lui d'imaginer des énigmes ingénieuses, mais ici, ça atteint un niveau incroyable. J'ai vu très peu de jeu dans ma vie qui démontrait autant à quel point le créateur maîtrisait son outil. Généralement, quand on arrive devant une pièce de puzzle, on se dit "c'est pas possible, je ne peux pas l'atteindre". Mais vraiment. Et puis, à force de tatonnement et de réflexion, on comprend ce qu'il faut faire, mais on se demande surtout comment peut-on élaborer des trucs aussi tordus.

C'est une chose de faire des énigmes tordues, c'en est une autre de les rendre cohérentes. Ce qui marque également beaucoup dans Braid, c'est qu'à aucun moment le hasard ne prend part à l'action. Par exemple, dans tous les jeux d'aventure auquels j'ai joué, il y a toujours au moins une énigme sans queue ni tête résolue par le plus grand des hasards après avoir essayé tous les objets les uns sur les autres. Ici, jamais. Tout est diablement logique, et une fois de plus, ça impressionne.


Pour compléter le tableau, je dois dire que les choix graphiques oscillent entre le très bon, avec les décors impressionniste ou les effets de flous lors des alterations du temps, et le moyen, avec des personnages sans charisme et des clins d'oeil un peu grossier (à Mario notamment). Quant à la musique, elle accompagne le jeu sans plus, avec quand même des thèmes qui restent agréables à écouter même tordus dans tous les sens lors des avances et retours plus ou moins rapides.

Je dis que Braid est un incontournable pour tous les amateurs de réflexion et de plate-forme. Le jeu est une leçon de game design, et surtout un cours magistral de level design, au sens figuré du terme. On pourrait bien pester sur sa difficulté (si j'y avais joué seul, je serais resté bloqué trèèèès longtemps à certains endroits...), mais ce serait vraiment dommage de se priver de ce chef-d'oeuvre, même à 15€.

Oh, et heureusement que Jonathan Blow ne me lit pas, il a déjà bien assez la grosse tête...

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